Les Accords de Bretton Woods
Introduction aux accords de Bretton Woods
Suite à la Crise de 1929 et à l'expérience de l'entre deux guerres, l'isolationnisme est montré du doigt pour expliquer les déséquilibres en termes de balances commerciales et monétaires, et dans l'aggravation des problèmes économiques d'un pays... Le traumatisme est tel qu'après la Seconde Guerre Mondiale, il est décidé de créer un dispositif international garantissant la paix par la constitution d'accords de Coopération Commerciale (GATT), Politique (ONU) et Financière...
Ce dernier point est au fondement de la signature des accords de Bretton Woods en 1944, dont l'objet est d'assurer le mieux possible la stabilité monétaire mondiale. Ils donneront en outre naissance à la Banque Mondiale (BM), au Fond Monétaire International (FMI) et, peu après, au GATT.
Ces accords vont aboutir à la mise en place d'un système monétaire international particulier, reposant à la fois sur un mécanisme de stabilisation des monnaies et sur la création d'institutions, dont les objectif sont d'aider à la reconstruction des pays partiellement détruits, de veiller au bon fonctionnement du système et au respect de ses principes par l'ensemble des participants.
Après avoir été progressivement remis en cause, le système de Bretton Woods est officiellement abandonné en 1976. Mais la force du système est telle que près de 25 ans après son abandon, nombreux sont encore les signes attestant de son influence sur la situation monétaire actuelle.
Origines des Accords de Bretton Woods
A l'origine des accords de Bretton Woods, deux projets pour assurer l'équilibre monétaire international : le plan Keynes, soutenu par les britanniques et le plan de White, plus proche des intérêts américains. La prééminence des Etats Unis au sortir de la guerre va faire pencher la balance vers le projet White.
Pour sortir les pays européens de leurs difficultés financières, le plan Keynes reposait sur la création d'un organe international de compensation, l'International Clearing Union, au travers duquel les pays excédentaires financeraient les pays déficitaires par un transfert de leurs excédents. Le financement ainsi crée aurait pour avantage de faire croître la demande mondiale et d'éviter la déflation, ce qui au final serait bénéfique à l'ensemble des pays. Le poids des Etats Unis au sortir de la guerre va jouer définitivement en défaveur de l'adoption d'un tel plan : à cette époque, ils sont détenteurs des 2/3 des réserves mondiales d'or. Leur balance étant largement excédentaire, ils vont soutenir et financer le plan White qui soutenait beaucoup mieux leurs intérêts.
Principes des accords de Bretton Woods
- Chaque pays fixe sa parité autour d'une monnaie étalon, le dollar ou l'or. Seul le dollar sera convertible en or à auteur du taux fixe de 1 once dor=35 dollars (pour acheter de l'or, il faut donc des $...)
- Le dollar n'est convertible que par les banques centrales (la contrainte des réserves d'or des USA est ainsi affaiblie)
- Chaque monnaie ne peut fluctuer que de 1% autour de sa parité (marge réduite à 0.75% à partir de 1958)
- Les pays doivent, dès qu'ils sont en mesure d'atteindre l'équilibre des balances, rendre leur monnaie convertible et lever les restrictions aux mouvements de capitaux pour le règlement de transactions courantes
Chronique d'une mort annoncée
Le système de Bretton Woods est donc résolument un système de changes fixes, où le dollar, seule monnaie convertible en or, devient l'étalon de référence. Ce sont ces principes mêmes, favorables au dollar et rigides, qui consacrent le dollar comme monnaie hégémonique et qui vont être en même temps à l'origine de la mort du système.
Les Etats Unis vont profiter énormément de leur position privilégiée. A l'inverse des autres pays, qui doivent dévaluer plusieurs fois leurs monnaies pour respecter leurs engagements, et qui sont amenés par ailleurs à conduire une politique d'assainissement des déficits, les Etats Unis mènent une politique de relance, avec pour objectifs la croissance et l'emploi. Cette asymétrie révèle une contradiction interne au système (soulignée par R. Triffin): le système ne peut fonctionner que si les Etats Unis ne le respectent pas: ils sont les fournisseurs de la liquidité mondiale mais cela creuse leurs déficits (pour payer leurs importations ou leurs déficits, il leur suffit de faire tourner la presse à billets). Cette politique est résolument inflationniste (cf critique de Friedman dans " inflation et système monétaire ").
Les Etats Unis tentent en vain de stabiliser le taux de change du dollar/or (pool de l'or de 1961-68) et en 1971, la convertibilité du dollar en or est suspendue (et son cours est dévalué de 10%) pour ne jamais être rétablie.
En 1976, les accords de la Jamaïque démonétisent l'or. Cest la mort officielle du système monétaire de Bretton Woods.
Problèmes posés par la survivance des Organismes de Bretton Woods malgré la mort du système
Ainsi, si le système de changes fixes a eu une existence très courte, il est indiscutable qu'il a cependant servi de base à l'érection du nouveau système monétaire mondial, celui-ci en garde d'ailleurs des traces. Si les institutions de Bretton Woods ont mieux survécu, c'est qu'elles ont été mieux en mesure de s'adapter aux changements de régimes monétaires, et surtout qu'elles ont comblé un manque que Bretton Woods a contribué à pallier, mais qui certainement lui préexistait. Bretton Woods aura permis d'établir une nouvelle donne économique mondiale, qui reste encore aujourd'hui d'actualité, ce qui suffit à expliquer le souvenir encore vivace qu'il a laissé dans les esprits.
Dans les dernières 20 années un déplacement des centres de décisions internationaux s'est produit depuis les agences et institutions construites avec un minimum de respect envers certains critères, bien formels d'égalité et de démocratie, comme les Nations Unies, vers d'autres de nature autoritaires et technocratiques qui ne possèdent même pas un compromis formel avec les règles du jeu démocratique : et qui ne sont ni responsables, ni imputables pour les politiques qu'ils imposent - via les fameuses " conditionnalités " - aux pays qu'ils parrainent, qui ne rendent de comptes qu'aux exécutifs de leurs propres gouvernements, et qui manquent d'agences ou de procédés qui rendent possible, au moins, un contrôle populaire sur les décisions qui se prennent, et qui affectent la vie de millions de personnes. C'est le cas, sans aucun doute, des institutions nées des accords de Bretton Woods : le Fond Monétaire International et la Banque Mondiale. Mais ceci ouvre un autre chapitre, spécialement consacré aux Institutions Internationales.
Liens sur les accords de Bretton Woods:
The Bretton Woods Project:
http://www.brettonwoodsproject.org
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