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La dette externe, un mécanisme pervers

Définition de la dette externe

La dette est un ensemble de prêts et crédits reçu par un Etat, devenus Titres de créance à d'autres pays, ou à des organismes privés.

Petit Historique de la Dette du Tiers Monde

  • De 1945 à 1970.
    • L'endettement extérieur du Tiers Monde est faible dans un environnement monétaire assez stable.
  • Fin des années 60, début des années 70.
    • Augmentation des prêts à des taux d'intérêt faibles consentis par :
      • Les banques privées du Nord qui voient affluer chez elles des masses d'Eurodollars ($ qui restent en Europe au lieu de retourner aux USA) et de Pétrodollars ($ placés à Londres ou New-York par les pays de l'OPEP après le premier choc pétrolier de 1973) et qui ne savent plus où les placer. Afin de rémunérer ces liquidités importantes, elles les prêtent aux pays du Sud à des taux très bas (voire négatifs en termes réels). Certains pays sont encouragés à s'endetter plus que de raison car, le cours des matières premières étant favorable, leurs revenus d'exportations croissaient et les banques étaient assurées du remboursement.
      • Les gouvernements du Nord qui distribuaient ainsi du pouvoir d'achat aux pays du Sud afin que ceux-ci leur achètent biens d'équipement, céréales, services, technologies pour maintenir la "croissance économique" du Nord.
      • La Banque Mondiale dont les orientations sont déterminées par les USA. Les enjeux poursuivis étant de
        • Stabiliser l'aire d'influence américaine.
        • Augmenter la domination des principales puissances industrielles
        • Endiguer les mouvements révolutionnaires, le "développement" étant une antidote à l'idéologie communiste.
        • Amener les classes locales au pouvoir à abandonner toute politique favorisant l'indépendance économique de leur pays.
  • Entre 1968 et 1980
    • Le Nord accorde des prêts aux pays de Sud pour faciliter leurs exportations à destination des pays industrialisés (ressources naturelles, cultures d'exportation qui remplacent les cultures vivrières locales, ce qui diminue la souveraineté alimentaire)
    • En même temps, le Sud importe des biens, des services, des technologies fournis par le Nord.
      La dette des pays du Tiers Monde prend alors des proportions inattendues et est multipliée par 12.
  • Le Grand virage de 1979 à 1982.
    • On change les règles du jeu à Washington. En 1979 la Banque Centrale des USA décide d'augmenter subitement et drastiquement les taux d'intérêt américains afin de réorienter les investissements vers les USA, la balance commerciale commence à être négative et les USA ont besoin d'argent frais pour la politique d'armement de Reagan qui refusait d'augmenter les impôts.
    • Les taux d'intérêt explosent (exemple : l'Amérique Latine : le taux d'intérêt réel passe de -3,4% à la fin des années 70 à +27% en 1982)
    • Cette décision va plonger les pays du Tiers Monde dans une spirale infernale. Les prêts étaient libellés en dollars et indexés en fonction du marché des taux d'intérêt américains et de celui de la City (Londres).
    • La situation s'aggrave en outre du fait de la baisse des revenus d'exportations des pays du Tiers Monde : l'offre accrue (liée aux politiques de "monocultures" imposées par l'Occident) fait chuter leur prix des matières premières sur le marché international, d'où une baisse des revenus en devises permettant de rembourser les dettes.
    • Au moment où les taux explosent et font gonfler la dette, le stock de devises mobilisables pour rembourser ces dettes baisse. Il faut rembourser d'avantage avec des ressources en diminution. Il faut alors emprunter pour rembourser ! Or les taux d'intérêt qui s'y rapportent, augmentent ! C'est la mise en route de la spirale !
    • Craignant de ne jamais revoir l'argent prêté, les banques stoppent tout crédit ! C'est la crise de la dette qui explose en 1982 au Mexique.
  • Le FMI et ses plans structurels.
    • S'inquiétant des risques de faillite des banques privées du Nord engagées dans le Sud, le FMI et la BM interviennent en 1982, pour que le Nord soit bien remboursé. On n'annule ni ne réduit les créances : le FMI accorde de nouveaux prêts pour permettre aux pays du Sud de rembourser leurs dettes mais en imposant, en contrepartie, des conditions socio-économiques strictes (Programmes d'Ajustement Structurelsliés au Processus de Washington): ces prêts sont limités, les dettes sont ré-échelonnées dans le temps, mais les états doivent adopter des "Plans d'Ajustement Structurel", les PAS . Un pays endetté qui les refuse se voit menacé de l'arrêt de ces prêts. A travers ces PAS, le FMI impose un modèle de développement néo-libéral.
    • Les mesures imposées par les PAS sont en général
      • Une dévaluation de la monnaie locale
      • Une hausse des taux d'intérêt à l'intérieur du pays
      • Des réformes structurelles pour réduire le déficit budgétaire :
        • Baisse des investissements publics
        • Licenciements
        • Privatisations
        • Déréglementation du marché du travail
        • Gel des salaires
        • Baisse des prestations sociales
        • Baisse des subventions aux produits de base (pain, eau, transport, électricité)
        • Application de tarifs pour l'accès à l'éducation et à la santé
      • Libéralisation du commerce international avec baisse des protections douanières qui sont sensée protéger des économie "émergeantes"
      • Libéralisation des entrées et sorties de capitaux
      • Réforme fiscale avec généralisation de la TVA aux dépends de l'impôt sur le revenu, ce qui favorise les revenus élevés au détriment des revenus plus bas, contrairement à un impôt sur le revenus qui touche proportionnellement tout le monde
    • Si de telles mesures permettent de dégager des fonds à court terme, elles ont surtout pour conséquence principale un grave appauvrissement des populations et une augmentation des inégalités. EN 1993 (PNUD):
      • 20 % de la population mondiale recevait 84 % du revenu mondial
      • 40 % de la planète ne bénéficiait que de 3,3 % du produit planétaire brut
      • Les 225 personnes les plus riches avaient un revenu annuel équivalent à celui des 47 % des pays les plus pauvres.
      • Celui des 3 personnes les plus riches était supérieur au PIB des 48 pays les plus pauvres
      • Et depuis, le fossé ne cesse de grandir!

Comment sortir du cercle vicieux... Une seule alternative: Annuler la dette.

  • Pourquoi annuler la dette?
    • Parce que dans bien des cas (Afrique du Sud, Argentine, Congo,... la liste est longue) la dette est "odieuse", selon le droit international (Dettes acquises par un régime dictatorial), donc illégale et non remboursable parce que
      • Illégalement détournée par les dictateurs et leur entourage
        Pourquoi un pays devrait il financer la fortune de ses dictateurs déchus?
      • Soutien à des crimes contre l'humanité
        Les crimes contre l'humanité et la dette se recoupent fréquemment. La dette odieuse de l'apartheid est explicite puisque des banquiers finançaient sans ambiguïté des tortionnaires
    • Parce que bien souvent, elle a déjà été remboursée à de multiples reprises
      Exemple en Argentine, où la dette extérieure publique actuelle sélève à plus de 130 milliards de dollars (contre 140 à la sortie de la dictature), alors que durant les vingt-cinq années qui ont suivi la dictature militaire mise en place en mars 1976, elle en a remboursé plus de 200).
    • Parce qu'elle est immorale
      "Devons nous laisser mourir de faim notre peuple pour payer nos dettes?"
      Julius Nyerere

Dette, un exemple bolivien

Liens sur le sujet:

Historique de la Dette et état des lieux
http://users.skynet.be/cadtm/pages/francais/dettesaumon.htm
http://www.cetim.ch/cgi-bin/farf_fra.pl?terms=dette&boolean=OR&case=Insensitive&result_par_page=5
http://www.globenet.org/aitec/chantiers/mondialisation/dette/declarations/etatdeslieux.htm
Organismes souhaitant l'Annulation de la dette
http://www.cadtm.org/
http://www.entraide.be/entraide/actions/dette.htm

 



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Mis en ligne le 15/12/03