Ernesto Guevara dit le Che, La Révolution en marche

« Il ne s'agit pas de réformer la société actuelle, mais bien d'en fonder une nouvelle »
Karl Marx

Apres la prise de pouvoir par Fidel Castro et les différentes organisations révolutionnaires cubaines, le Che est nommé citoyen cubain "de naissance" et devient d'abord gouverneur militaire de la forteresse de la Cabaña, où siègent les tribunaux révolutionnaires qui jugent et condamnent, bien souvent à mort, les tortionnaires de Batista. Puis par une erreur de compréhension, Castro demanda lors d'une réunion qui était économiste (« economista ») et le Che leva le bras pensant qu'il avait dit communiste (« comunista »), il devient directeur de la Banque Nationale, avant d'être nommé ministre de l'industrie. Il se marie discrètement avec Aleida March qui lui donnera 4 enfants.	Le mariage du Che et de Aleida March
Le Che et Aleida March	Jusqu'en 1961, la révolution refuse de se déclarer socialiste, mais elle est naturellement portée à se rapprocher des ennemis de leur grand et arrogant voisin. Il devient ambassadeur itinérant rencontrant les pays du bloc soviétique, les pays non-alignés et, faisant fi de la polémique entre Pékin et Moscou, il se rend en chine et est reçu par Mao, pour celui qui avait appelé sa fille Hildita « ma petite Mao », c'est un rêve qui se réalise. Son but est de signer des traités commerciaux qui empêcheront les USA d'exercer un chantage sur Cuba et d'obtenir, à terme, l'indépendance économique de l'île.
Le Che, ministre des industries	Le Che lors du fameux discours de 1964 aux Nations Unies

L'embargo des Etats Unis

A la fin des années 50, Cuba est le lieu de rendez vous exotique ou se traitent des affaires à moins de 200 kilomètres de la Floride. C'est le paradis de la prostitution, du jeu et des mafias. Les Etats-Unis contrôlent 75% des échanges commerciaux avec Cuba, possèdent 90% des mines et 50% des terres du pays. Dans la capitale et les grandes villes, la classe moyenne jouit d'un niveau de vie comparable au grand voisin du nord, mais le chômage touche 500.000 Cubains sur 6,5 millions et dans les campagnes, 4 % seulement des coupeurs de canne à sucre peuvent consommer de la viande, 2% des oufs tandis que près d'un quart de la population est analphabète. Le 17 mai 1959, le gouvernement se proclame réformiste et nationaliste. La loi de reforme agraire est proclamée et les latifundas (haciendas de plus de 400 hectares) sont supprimées. Les transports, les communications, les plantations de tabac et de canne à sucre sont nationalisées et un ambitieux programme social est lancé pour l'éducation et la santé.

Le Che est un fan d'echecs

...et de cigares cubains

Le 19 octobre, les américains proclament l'embargo sur Cuba et, de facto, provoquent un rapprochement direct de l'île avec Moscou. Ils commencent par un embargo sur le pétrole. Ce à quoi Fidel Castro réagit en important le seul autre pétrole de l'époque, le russe, mais les raffineries, toutes américaines, refusent de le raffiner, Castro les nationalise. Et ainsi de suite. Comme le raconte le Che, l'attitude fermée et obtuse des Etats-Unis pousse la révolution à se radicaliser: « L'impérialisme a été un élément très important pour le développement et l'approfondissement de notre idéologie; chaque coup qu'il nous donnait appelait la riposte; chaque fois que les yankees, avec leur hauteur habituelle, réagissaient en prenant une mesure contre Cuba, nous devions immédiatement prendre une contre-mesure nécessaire, et la révolution se radicalisait ainsi progressivement».

Le Che travaille sans arrêt à l'indépendance de l'île, il pousse la mécanisation de l'industrie du sucre, érige le travail volontaire en acte sacré de la révolution. On le voit partout, portant des sacs de sucre, construisant des logements. Sa femme dira qu'il travaillait de 8 heures du matin jusqu'à 4 heures du matin tous les jours, même le dimanche. Il incarne l'homme nouveau, modèle de la révolution

La Démocratie socialiste et l'homme nouveau

Le Che lors d'une journee de travail volontaire

Dans sa vision de la Démocratie Socialiste, le Che insiste sur les changements, qui s'ils doivent être structurels et économiques, doivent surtout être humains. C'est l'homme même et sa vision de l'humanité qu'il faut changer. Sa vision veut changer les valeurs individuelles et égoïstes de la bourgeoisie. Il déclare dans un texte célèbre («Le socialisme et l'Homme à Cuba», 1965) : «Si le communisme n'aboutissait pas à la création d'un Homme nouveau, il n'aurait aucun sens».

Les mesures du socialismes telles que l'abolition de la propriété privée, les mesures sociales radicales telles que la santé et l'enseignement gratuits ne suffisent pas pour construire la société idéale, il faut lui ajouter la révision des rapports entre les hommes, entre les hommes et le travail, entre les hommes et la vie en général. Le progrès technique et matériel doit nécessairement être accompagné d'un nouveau sens de la vie, guidé par la camaraderie, la fraternité et la solidarité humaine. Il entre ainsi en opposition idéologique avec le stalinisme de rigueur à l'époque qui prône l'économie et le développement de l'appareil productif comme seul point de départ possible du Socialisme, et tous les autres points comme conséquences mécaniques du premier.

Le Che en visite a Moscou

Le Che transporte des sacs de sucre

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