Etats Unis, Démocratie?
Introduction
On sait depuis longtemps la société américaine atteinte de toute sorte de maladies, mais aujourd'hui, le cancer est généralisé... Cette société aux multiples facettes, admirable sous certains aspects, est également exaspérante, irritante, voire nauséabonde; et finit par positionner en ennemi tout qui la chérissait auparavant. Je suis de ceux qui essayent de toujours voir le positif dans quoi que ce soit, mais à la lecture du USA Patriot Act, la coupe est pleine! J'en ai assez d'entendre de la part de ses défenseurs que les Etats Unis sont une société basée sur des valeurs humanistes, d'entente raciale, d'intégration des classes,... Ça a peut être été vrai un jour, et encore dans la vision de certains privilégiés, et j'en ai rencontré, mais il faut bien avouer aujourd'hui que l'image donnée est toute différente... Bien loin de notre "rêve américain".
Certains cherchent encore des côtés positifs, des excuses, des alibis pour ce que l'Amérique de la statue de la liberté prône comme politique aujourd'hui... Et moi même, jusqu'il y a peu, j'en cherchais encore. Mais je dois bien avouer que je suis en panne d'argutie pour la défendre... Beaucoup de choses, et depuis longtemps, auraient du me montrer à quel point la politique américaine était cynique, égoïste, démagogique, dépourvue de toute vision désintéressée, dangereuse pour le monde, que ce soit sous les démocrates ou les républicains. Et longtemps je n'ai pas voulu voir la réalité, influencé que j'étais par le côté fascinant du "rêve américain" et leur rôle dans le développement européen et japonais au lendemain de la seconde guerre mondiale. Ma vision de nos cousins transatlantiques, a changé, et il serait trop long d'en énumérer les causes, mais le "USA Patriot Act" est encore un de ces élément qui ne peut qu'éloigner les américains du genre humain.
"USA Act" ou " Uniting and Strengthening America Act " (PDF)
Ce texte de loi, voté à la va vite le 12 octobre 2003 dans la suite des traumatismes du 11 septembre et de la guerre d'Afghanistan et d'Irak, est un retour au Maccarthisme le plus brutal, référence à la politique de chasse aux sorcières conduites dans les années 50 aux États-Unis par la " Commission sur les activités anti-américaines " censée éradiquer la "menace communiste". Ce texte donne plus de pouvoir à la police et aux services de renseignements afin de mieux lutter contre le terrorisme, il est la nouvelle version du très décrié Patriot Act (Provide Appropriate Tools Required to Intercept and Obstruct Terrorism) dont on a malheureusement changé que le nom. Le 11 septembre a ainsi marqué le plus net recul des libertés fondamentales, tant pour les Américains que pour le reste du monde d'ailleurs. En catimini, et dans la quasi indifférence totale, des valeurs encore jugées comme fondamentales hier, quittent la scène politique, tandis que la plupart des États " démocratiques " sombrent dans une politique sécuritaire aussi injustifiée que rétrograde !
En France Mr Sarkosy veut bouleverser l'équilibre entre police et citoyens (nationaux comme étrangers) au détriment de ces derniers ; Le système européen Schengen, créé au départ pour assurer la libre circulation des citoyens, est devenu un système de fichage de ces mêmes citoyens ; L'Italie s'enfonce dans le " sécuritaire " après avoir réprimé brutalement les manifestations alter mondialistes du sommet de Gênes ; Et les Etats-Unis sont en train d'adopter le "USA Act", fosse commune de leurs pourtant sacro saintes " libertés individuelles ". On est en droit d'être inquiets aujourd'hui, alors que le mouvement de fond qui évoluait vers toujours plus de libertés individuelle et d'association s'est brutalement arrêté. Tout semble d'ailleurs indiquer que ce mouvement vers des états policiers paranoïaques n'est pas prêt de s'inverser, mais tend à être " le nouveau modèle ", une fois encore inspiré par l'Oncle Sam...
Mais qu'est ce que ce " USA Act "?
Il s'agit d'un ensemble de mesures liberticides donnant des pouvoirs quasi illimités aux services de police (ils ne doivent même pas en croire leurs yeux). Ces pouvoirs autorisent primo la mise sur écoute de tout appareil de communication utilisé par toute personne, en rapport de près ou de loin avec un présumé terroriste. Secundo, les autorités peuvent arrêter, déporter, incarcérer et retenir indéfiniment des étrangers soupçonnés d'être en relation avec des groupes terroristes, le tout sans jugement, ni recours possible à un avocat, sans même être automatiquement au courant des accusations. Ils peuvent en outre fouiller leur domicile sans autorisation judiciaire. Enfin, tout acte de piratage informatique (au sens d'une " intrusion non autorisée dans un système ") pourra être assimilé à un acte terroriste. De plus ces " suspects " du terrorisme (notion vague sil en est !) ne seront pas jugés par des tribunaux civils (pourtant compétents) mais par des tribunaux militaires, spécialement crée à cet effet en novembre 2001 par Mr Bush et son gouvernement. Ces tribunaux disposent de procédures spéciales : les procès seront secrets ; la sentence sera prononcée par une commission d'officiers militaires ; l'unanimité ne sera pas requise pour condamner l'accusé à mort ; la sentence sera sans appel ; les conversations entre l'accusé et son avocat pourront être écoutée clandestinement ; la procédure judiciaire sera tenue secrète et les détails ne seront divulgués que des décennies plus tard. Un modèle démocratique de justice en quelques sortes. Des responsables (on se le demande) du FBI ont même été jusqu'à proposer que certains accusés, peu loquaces, soient déportés vers des pays " amis ", où la torture n'est pas illégale, afin que la police locale fasse les interrogatoires. Sur CNN, on a même pu entendre : " La torture, ce n'est pas bien. Mais le terrorisme c'est pire. Aussi dans certaines circonstances, la torture est un moindre mal." ! Quel retour en arrière...
La CIA peut légalement aujourd'hui, à la manière d'Israël, assassiner des leaders étrangers, sans qu'aucune poursuite ne soit possible (ceci était interdit depuis 1974). Les Etats-Unis sont d'ailleurs hostile à toute idée d'une Cour Pénale Internationale, sauf si elle ne peut juger les ressortissants américains, dans ce cas, d'accord. Donald Rumsfeld s'est d'ailleurs montré implacable quand au sort des Arabes combattant avec les Talibans en Afghanistan, ils devaient êtres tués, même s'il y avait reddition (La Convention de Genève, Ça vous dit quelque chose ?).
Si vous comptez vous rendre aux Etats-Unis l'un de ces jours, sachez qu'un accord existe entre L'Union Européenne et les USA et que certaines informations confidentielles et privées voyageront avant vous. Comme votre nom, âge, adresse, numéros de téléphone, numéro de carte de crédit, état de santé, préférences alimentaires (tiens pourquoi donc?), voyages déjà effectués, noms de vos accompagnants actuels et antérieurs, organisations ayant financé votre voyage,... Ces données seront rassemblées dans un système d'analyse baptisé CAPPS (Computer Assisted Passenger Pre-Screening), afin d'y détecter les éventuels suspects. En fonction de ces données, croisées avec d'autres bases de données, vous serez " colorés " en vert (no problem), jaune (douteux à surveiller) ou rouge (empêchés d'accéder à l'avion). Si le visiteurs vient du Proche Orient ou est musulman, le code jaune lui est automatiquement appliqué, quelle attention charmante et non discriminatoire. On a également remarqué que les latinos étaient nombreux à être fichés au Etats-Unis (près de 114 millions!) sans leur assentiment, ni celui de leur gouvernement. Et sur base de données privées. Pourtant la loi interdit au gouvernement de stocker des données privées, mais pas de commander à une société privée de le faire pour le gouvernement, subtil, non ? La société ChoicePoint qui a obtenu le contrat n'est d'ailleurs pas inconnue, puisque c'est une de ses filiales, Database Technologie, qui avait été engagée par l'Etat de Californie pour réorganiser les listes électorales avant l'élection présidentielle qui avait vu Bush remporter le scrutin par 537 voix d'avance. Or, lors de la réorganisation des listes, des milliers d'électeurs s'étaient vu priver de leur droit de vote... Je n'ai pas réussi à trouver de l'info sur "quels" citoyens, mais le dirigeant fondateur de Database Technology n'est autre que Hank Asher, ancien trafiquant de coke qui, pincé par les autorités, a échangé son immunité contre une collaboration en tant qu'informateur et témoin dans plusieurs procès... Ça vole haut, et que de coïncidences plus que troublantes, non ?
Les citoyens américains ne sont pas épargnés par les lois liberticides. L'Oncle Sam est généreux envers tous! Le "USA Act" tronque également les droits des américains, en terme de vie privée, du secret des correspondances et de la liberté d'information. L'autorisation de mise sur écoute téléphonique est abrogée, plus de mandat pour accéder aux données personnelles des citoyens. Le FBI est en train de ficher chaque citoyen et d'établir un profil intellectuel, basé sur les livres qu'il loue aux bibliothèques, aux sites quil visite, aux articles qu'il achète avec sa carte de crédit,...
Mais le projet illégal d'espionnage le plus mégalomane élaboré par le Pentagone dépasse tout entendement et ferait frémir d'horreur Orwell lui-même ! TIA pour "Total Information Awareness", est un système de surveillance totale des informations. Il consiste à récolter 40 pages de renseignements sur chacun des 6,2 milliards d'habitants que compte la Terre et de les confier à un hyper ordinateur. En croisant des données issues d'autres bases de données: Navigation Web, Emails (des fournisseurs d'accès Internet tels AOL et Microsoft ont déjà indiqué qu'ils collaboreraient " pleinement " via les logiciels " carnivores " capables d'enregistrer les courriers électroniques sur le réseau), cartes de crédits, conversations téléphonique, bases de données des assurances, de votre mutuelle, de vos mouvements bancaire, de vos achats dans les grands magasins (carte Aurora et cie)... Le gouvernement américain souhaite établir la traçabilité de chaque individu... Big Brother est dépassé...
Le système, qui devrait coûter des sommes considérables, commencerait à être opérationnel à petite échelle à partir d'Octobre 2003. A partir de ce moment, tous les citoyens américains seront fichés, en attendant ceux de nos pays industrialisés et les autres. Fin 2003, 300 millions de personnes seront "épiées" quotidiennement sans aucun contrôle judiciaire.
Au moment oú je termine cet article, un nouveau système baptisé, ce n'est pas une blague, MATRIX, est en test... Un très bon article dans l'Investigateur...
Conclusions
Alors L'Oncle Sam? Modèle de démocratie, pays des libertés? Je pense que si la célèbre statue le pouvait, elle déménagerait... Mais vers où? Il est temps de prendre conscience que le monde change, et certainement pas dans la bonne direction, et que le doux temps de l'insouciance s'éloigne chaque jour un peu plus de notre horizon. Que faire? C'est une excellente question, à laquelle je n'ai malheureusement pas de réponse magique. Mais quelques pistes existent. S'informer est la première, réfléchir sur ce que nous voulons comme société en est une autre. Et enfin, chercher les alternatives, ceux qui en proposent, et choisir son action.
Quelques liens intéressants sur le sujet:
La version PDF de l'USA Patriot Act (en anglais)
Le Patriot Act sur le réseau Voltaire
Executive Summary of Patriot Act (en anglais)
Pour tout commentaire: vstevaux@yahoo.com
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