Totora - Vallegrande - Pucara/La Higuera - Samaipata - Santa Cruz
Bolivie - Samaipata et le fort inca
L’énorme rocher sculpté de Samaipata, qui domine la
ville située en contrebas, constitue un témoignage
unique et exceptionnel des traditions culturelles et
croyances préhispaniques, inégalé sur tout le
continent américain.
Histoire
On sait que le site a été occupé et utilisé comme lieu
rituel et résidentiel dès l’an 300 après J.-C. par des membres de la culture Mojocoya ; la sculpture de cet énorme rocher date de cette époque.
D’après le témoignage écrit du prêtre espagnol Diego
de Alcaya, au début du XVIIe siècle, les Incas
occupent le site au XIVe siècle et en font une capitale
provinciale. Ce fait est confirmé par certains éléments
découverts lors de fouilles archéologiques et
caractéristiques de ce type d’établissement inca,
notamment une grande place centrale entourée
d’édifices publics monumentaux et des collines
environnantes aménagées en terrasse à des fins
agricoles. Dans les années 1520, le site servira de
rempart contre les incursions des Chiriguanos
belliqueux de la région du Chaco.
L’emplacement stratégique du site, qui avait séduit les
Incas, attirera également les Espagnols, dont on ne
connaît pas la date d’arrivée exacte dans la région.
Dans les années 1560, on consolide la frontière de la
vice-royauté de Lima sur la face orientale de la vallée
de la Cochabamba. Toutefois, l’exploitation des mines
d’argent du Cerro Rico, à Potosí, démarrée en 1545,
devait nécessiter des quantités importantes de main d’oeuvre
et de nourriture, qu’il fallait aller rechercher
plus à l’est, dans la région de Samaipata. Il était également vital d’édifier des forteresses pour se
protéger contre les maraudes des Chiriguanos. Ce qui
est certain, c’est que l’établissement colonial de
Samaipata était devenu une étape importante sur la
route entre Asunción et Santa Cruz, jusqu’aux centres
coloniaux des Hautes Andes comme La Plata
(aujourd’hui Sucre), Cochabamba et Potosí.
Avec l’établissement de la nouvelle ville de
Samaipata dans la Valle de la Purificación, l’ancien
site perd son intérêt militaire et est abandonné.
Rapidement recouvert par la végétation, il n’attire
plus que les chercheurs de trésors et les gardiens de
troupeaux. Toutefois, la mémoire de El Fuerte (le
Fort) est entretenue par la population locale. Les
savants commencent à s’y intéresser à la fin du
XVIIIe siècle et depuis le début du siècle actuel,
l’endroit fait l’objet d’études intensives.
Description Le fort de Samaipata, énorme rocher richement
sculpté de figures animales et géométriques, avec ses
niches, canaux et récipients, revêt une signification
religieuse primordiale. Le résultat dénote un sens
artistique aigu et une maîtrise parfaite du matériau
conférant à l’oeuvre une qualité supérieure sur les
plans expressif et esthétique, des effets visuels
impressionnants, un potentiel exceptionnel sur les
plans symbolique et communicatif, ainsi qu’une
sensibilité marquée pour le matériau lui-même et pour
l’environnement. Toutefois, hormis la qualité des
sculptures, c’est également la créativité démontrée par
leurs auteurs et les relations de Samaipata avec
l’espace environnant qui confère à ce dernier sa valeur
particulière.
Il n’existe aucun monument comparable à Samaipata
dans toute l’Amérique pré-colombienne. Expression
originale de l’art rupestre à une échelle gigantesque,
sa richesse culturelle et son intégration dans
l’environnement en font une curiosité exceptionnelle.
La rareté et la complexité du monument sont telles
que les scientifiques n’ont toujours pas percé le secret
de sa signification ni de son utilisation. Il semble
toutefois combiner diverses fonctions, dont celles de
centre cérémoniel et d’habitation qui, de plus,
répondaient aux attentes des cultures successives
ayant occupé le site, avant même l’arrivée des Incas. (ce texte est constitué d'extraits du dossier de classement de l'UNESCO)
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